Mots-clés : Investiture, sondage métonyme, ministère de l'immigration, CV anonyme, démocratie d'opinion
26 novembre 2006. L’investiture de Ségolène Royal consacre la suprématie de la démocratie d’opinion. 29 mars 2007. Sondage CSA/Le Parisien. Après les événements de la gare du Nord, Jean-Marie Le Pen gagne deux points et s'installe à 15 % des intentions de vote au premier tour de la présidentielle. Anecdotique ? Pas vraiment. Les sondages consacrent ainsi le grand retour du Front national au cœur de la compétition. Premier problème sans doute, mais il y a pire : les intentions de vote honteusement camouflées. Le score de Jean-Marie Le Pen serait bien supérieur encore si tous ses sympathisants osaient se prononcer dans les sondages. A l’évidence, la « surprise » du dernier scrutin présidentiel n’a pas été suffisamment forte pour changer radicalement les usages en la matière. Et pourtant, les nouvelles pistes de travail ne manquent pas. Dans un autre domaine, on a beaucoup parlé du CV anonyme, initiative généreuse inventée par l’ancien sous-préfet chargé de mission pour la politique de la ville du Rhône, pour lutter contre les discriminations. Pourquoi ne pas reprendre le principe de cette idée lumineuse pour l’appliquer aux sondages et lutter contre les travers de la démocratie d’opinion ? Nous ne parlerons pas dans ce cas de sondages anonymes qui identifient déjà la nature d'une enquête reposant sur l'anonymat des répondants mais plutôt de "sondages métonymes" qui qualifient le remplacement du nom des candidats par leurs idées respectives. Des sondages métonymes pour une démocratie des idées et des valeurs ? Et pourquoi pas ? (Cliquez sur suite de l'article...)
C'est quoi, précisément, un sondage métonyme ? C'est un sondage qui remplace le nom du candidat par ses idées. Un principe librement adapté de l'étymologie de métonymie, "metônumia" : à la place du nom . Six mois, jour pour jour, avant l'élection présidentielle, les instituts de sondages ne pourront plus mentionner dans leurs questions le nom d'un candidat. Ils ne pourront plus poser de questions invitant les sondés à se prononcer sur un homme (Ou une femme) politique. Plus de questions du genre : "D'après vous, quel homme politique aurait l'étoffe d'un président de la République ?", "Pour quel candidat envisagez-vous de voter pour les prochaines élections présidentielles ?" Ou, "Parmi les trois personnalités politiques suivantes : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, lequel a-t-il le plus de chance de l'emporter lors des prochaines échéances présidentielles ?"
Six mois, jour pour jour, avant le premier tour de l'élection présidentielle, les instituts de sondage ne pourront que formuler des questions portant sur des idées politiques, des mesures, des projets, sans faire référence à ceux qui les représentent. C'est plutôt radical, certes. Mais quels moyens voulons-nous nous donner pour que la campagne présidentielle se réapproprie substantiellement le terrain des idées ? Doit-on choisir un candidat en fonction de son aptitude à séduire l'opinion ? En fonction de sa photogénie ou de sa télégénie ? Ou en fonction de ce qu'il propose comme idées, mesures et programme ? Alors, oui, dans ces conditions, les candidats investis seront donc systématiquement ceux qui auront sû se hisser à la tête de leur appareil. Mais c'est le jeu démocratique naturel dans un système où les citoyens se réunissent en formation politique pour mieux porter collectivement leurs idées.
Il sera bien sûr possible d'identifier l'initiateur d'une proposition sur laquelle les sondés ont été amenés à trancher. Les médias le feront avec beaucoup d'efficacité. Mais après-coup seulement. Au moment du sondage, pour la population interrogée, l'identification et le rattachement d'une mesure ou d'une idée à une personnalité politique seront beaucoup plus obscurs. Il y aura bien sûr des exceptions. A la question : "Etes-vous pour ou contre la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale ?", beaucoup de sondés assimileraient aujourd'hui facilement leurs réponses à un soutien ou à un rejet de la candidature de Nicolas Sarkozy. Mais sur des questions portant sur la Recherche ou la Protection sociale, le "rattachement" serait beaucoup moins évident.
Ce n'est pas une idée vaine. Tenons-nous donc tant que cela à la démocratie d'opinion et à la "peopolisation" de la vie politique française ? Ou souhaiterions-nous que le fonds l'emporte davantage sur l'enveloppe, le contenu sur le "contenant" ? L'enjeu porte quand même sur la densité du débat politique et sur un certain idéal démocratique aussi. A l'ère du sondage métonyme, les candidats devront réagir à la popularité ou à l'impopularité d'une idée, d'une mesure ou d'une proposition, suggérer des alternatives ou les intégrer à leur projet. Les électeurs auront donc davantage à se prononcer sur ce terrain pour les investir ou les élire. Le classement des candidats dans les sondages n'interviendront plus dans leurs choix, en tout cas pas sous la forme actuelle. Certes, les électeurs visualiseront moins facilement les chances de leurs candidats respectifs et l'issue du scrutin présidentiel apparaîtra plus incertaine. Sans doute, sans doute...mais certainement pas plus surprenante que le résultat de la dernière élection présidentielle. Alors...
J'en viens donc à la question qui me permettra de me positionner sur ce sujet. Au sondage qui me permettra d'arbitrer sur la pertinence de cette idée... Etes-vous pour ou contre le concept de sondage métonyme ?
JE VOTE POUR
A question simple, réponse simple. Moi je vote pour. Bien sûr je pense que les instituts de sondage vont crier famine...mais je demande surtout quelle serait la réaction des candidats. Est-ce qu'ils seraient pour ou contre ce genre de sondages. Je pense que c'est surtout ceux qui 6 mois avant sont en tête dans les sondages qui risquent de pas être d'accord. Mais c'est sans doute la seule solution pour que les bonnes idées de tout bord soient pris en compte même si c'est des petits candidats qui les représentent !